Inondation à l’Île Mbamou : l'enfer raconté à la Députée GAYAMA

Aucun des 23 villages du district de l’Ile Mbamou n’est épargné par les inondations inédites actuelles qui ont déjà emporté quatre vies, des maisons, des champs, des arbres, des animaux, des forages, des passerelles…
Tous les symboles de l’administration publique : écoles, centre de santé, services de sécurité, structures d’actions sociales ne sont pas épargnés. Même les églises sont dans l’eau. La population désemparée craint le pire : survenue des épidémies, des maladies hydriques, de la famine ; augmentation du taux de mortalité et se considère comme oubliée de la République.
Aucune des quinze mille âmes qui peuplent les 23 villages de l’Ile Mbamou, seul district rattaché à Brazzaville, la capitale de la République du Congo, n’est épargnée par les affres des crues exceptionnelles actuelles. L’enfer vécue depuis quelques jours a été expliquée le 23 décembre à Esther Gayama Ahissou, la députée élue voici un an et demi dans cette circonscription électorale, à la faveur d’un échange sur la situation au cercle Micheline Golengo de Brazzaville. L’un après l’autre, les orateurs dont les chefs et secrétaires des comités de villages, les responsables de la Circonscription des actions sociales (CAS), de la santé et le sous-préfet ont eu des mots justes, pour décrire l’apocalypse qu’ils traversent. Hormis les représentants des structures étatiques, tous les intervenants ont fustigé l’attentisme de l’Etat qu’ils accusent de non-assistance à population en danger. D’aucuns se sont d’ailleurs violement pris au chef de la CAS qu’ils soupçonnent de n’avoir rien transmis à sa hiérarchie, « alors que les gens sont entrain de vivre comme du bétail ». « L’Ile Mbamou est le district le plus proche de la capitale. C’est le seul qui lui est rattaché. Mais, elle est presque oubliée par les décideurs. Nous les voyons à Impfondo, Mossaka et ailleurs apporter de l’aide aux populations victimes des inondations. Ils prennent des hélicoptères, parcourent de longues distances pour atteindre ces compatriotes en difficulté. Mais, nous qui sommes là à côté, on est négligé », s’est plaint l’un des intervenant qui, à l’instar de la quasi-totalité des chefs et secrétaires des comités de village, tourne ses yeux vers la députée invitée à porter au gouvernement, leur cri de détresse et susciter sa réaction.
« Nous avons perdu trois personnes de troisième âge dans les eaux », a fait savoir un chef de village. « Chez moi, dans mon village, un enfant a perdu la vie après être tombé dans l’eau. Son cadavre est conservé à la morgue de Talangaï », a déclaré un autre. « Nos enfants ne partent plus à l’école parce qu’elle est située dans un autre village. Les crues sont tellement hautes que l’eau arrive jusqu’à la gorge. On n’a pas de pirogue », s’alarme un autre. « Des gens dorment dans des baleinières et nos champs sont emportés, on n’a plus rien à manger », se lamente chef de village.
Cette situation n’est pas exclusive à l’Ile Mbamou et, l’Etat ne vous abandonne pas, leur a dit la députée qui a expliqué que cet échange qu’elle a voulu est préalable à sa descente sur le terrain, au recensement des éléments, à une potentielle rencontre avec la ministre des affaires sociales à laquelle seront associés les chefs de villages. « C’est un fait planétaire lié au changement climatique. Mais, nous ne sommes pas trop préparés à y faire face. Le gouvernement a un plan de riposte ». Dans sa réaction, Esther Gayama Ahissou rassure. « Nous avons suivi la dure réalité et les attentes sont nombreuses. Souvenez-vous que je vous ai déjà amené sur place, dans le passé, la ministre des affaires sociales, l’un des principaux acteurs qui peuvent agir en face à la détresse sociale. Je l’ai eue au téléphone et, elle a dit que je savais que tu allais m’appeler. Accrochons-nous à ça, je vais le lui rappeler. Vous verrez qu’il y aura une réponse. Mais qui ne pourra pas satisfaire toutes les attentes à 100%...C’est un dossier à ne pas négliger. Nous nous sommes impliquées complètement et totalement », leur a dit la députée.
Esther Gayama Ahissou s’engage à aller vers le gouvernement. « Je n’ai pas de solution miracle à vous donner. Après cette première étape, je viendrai dans les villages. J’ai prévu une descente pour pouvoir appuyer notre dossier. Les préoccupations, les attentes, les doléances sont notées. Ayons confiance », les a-t-elle exhortés, avant de proposer la mise en place d’un « comité de suivi dont les chefs de village sont membres d’office ». Ils feront partie de la délégation, en cas d’audience avec la ministre des affaires sociales pour lui signaler, « l’urgence à intervenir au niveau de l’Ile Mbamou ».