ÉCONOMIE

Économie et finances : Jean Baptiste Ondaye n’est pas l’homme de la situation

2 mai 2024 par EBDIMIX

Le Congo avance vers sa mise sur cale du point de vue financier. Les caisses de l’Etat sont vides. L’ultime preuve est la paie de salaires d’avril « grâce au coup de pouce des banques », à la suite de « la réquisition des liquidités bancaires par le ministre de l'économie et des finances pour le paiement desdits salaires ».

Si les clients n’étaient pas sous informés et ignorants, expliquent des spécialistes, il est à craindre « l’assèchement des liquidités dans les banques ; la ruée des fonctionnaires vers les banques pour percevoir en premier par peur de ne pas être servis ; une panique bancaire ou course aux guichets pour les clients ou déposants pour retirer leur épargne tout ceci peut inéluctablement conduire à une crise bancaire ».


C’était mieux avant


En effet, 18 mois après sa nomination, le ministre de l’économie et des finances Jean Baptiste Ondaye répond lui-même, preuves à l’appui, à ceux qui s’interrogeaient était incompétent, naïf…

A l’image du temps, le meilleur juge, Jean Baptiste Ondaye démontre qu’il est parfois bien de faire la route ou de la poursuivre avec « un diable qu’on connait qu’avec un ange qui se présente à vous ». Il montre aussi la véracité de la parabole de « la vieille chaussure », sagement rappelée aux Congolais en 2009, lors du dernier meeting de campagne du candidat Denis Sassou N’Guesso au boulevard Alfred Raoul, par feu le patriarche Charles David Ganao.

Aujourd’hui, atalaku, collabos et défenseurs du ministre de l’économie et des finances disent autant que ses détracteurs et les nostalgiques de ses prédécesseurs que ce dernier ne maitrise rien du tableau économique et financier du pays. Sans être dans les secrets des dieux et dans les arcanes de la macroéconomie, encore moins professeurs ou docteurs en finances publiques, des hommes du système, le sérail du pouvoir, des collègues ministres, des députés, des sénateurs, les retraités, les étudiants, les hommes d’affaires, et maintenant les fonctionnaires clament haut et fort que c’était mieux avant, c’est-à-dire sous Calixte Nganongo ou Rigobert Roger Andely, alors que les officiels et les experts rassurent, « sans risque de se tromper que le plus dur est passé ».


Les signes inquiétants du chao


Jusqu’en mars dernier, les fonctionnaires en service à Brazzaville et Pointe-Noire étaient parmi les derniers Congolais à croire qu’Ondaye pouvait tenir. Mais, depuis qu’ils ont failli passer la fête du travail sans salaire, n’eut été « le coup de pouce des banques » qui ont hésité de prêter leur argent à l’Etat à la suite du retard du remboursement de la dette analogue contractée en mars ; ces hommes et femmes sont venus grossir le camp de ceux qui comprennent que le ministre des finances et ses deux cabinets si budgétivores sont perdus et vont couler le pays.

Car, le Congo n’arrive plus à mobiliser l’argent nécessaire à faire face à ses charges budgétaires les plus essentielles. Outre la remontée de la dette publique dont font état les spécialistes et des institutions habilitées, les arriérés de bourse d’étudiants et des enseignants communautaires ainsi que des volontaires s’accumulent, malgré les instructions de la hiérarchie. Les vacataires de l’université Marien Ngouabi, les administrations dépendant des budgets transfert à l’image des hôpitaux, les mairies, même les fonctionnaires en service dans l’hinterland ne savent plus quand finit ou commence le mois, selon un journaliste économique.

L’argent du fonctionnement des institutions n’est plus régulier. Les hauts fonctionnaires et leurs cabinets ont rejoint le groupe des mécontents et affichent ouvertement leur hostilité à un ministre des finances. Si nul ne semble le dire clairement, il est clair que Jean Baptiste Ondaye ne rassure plus ni le peuple, ni les chefs qui lui ont fait confiance, alors que le président de la République, potentiel candidat à sa propre succession en 2026, devra avoir davantage les Congolais de son côté.

Des hommes du pouvoir et le peuple appellent d’ailleurs à un réaménagement technique, aux fins de remplacer sinon permuter notamment Jean Baptiste Ondaye, dans l’optique d’éviter la catastrophe et d’avoir le peuple sur le dos des dirigeants.


Au lieu de travailler


A l’image de la plupart des politiciens du Congo, le ministre des finances qui était présenté comme un technocrate souffre lui aussi de « la réunionite ». Il multiplie des réunions pendant lesquelles il cherche les boucs émissaires, panique les cadres, notamment les directeurs généraux des administrations pourvoyeuses de la ressource à l’Etat en menaçant de les remplacer. Alors que ces mêmes cadres ont tenu dans le passé, dans des conjonctures macroéconomiques très difficiles par rapport à celle du moment.

Des sources bien renseignées indiquent qu’en traumatisant les directeurs généraux, les directeurs centraux, les chefs de service et les agents, Jean Baptiste Ondaye serait téléguidé par des conseillers qui le manipulent aux fins de placer les leurs à la tête des régies financières pour bien les contrôler.

Le nom d’un membre de son deuxième cabinet, parmi ceux qu’il appelle pompeusement « experts », un homme au profil professionnel et cursus administratif et politique flou, une icône du chantage et habituée à la magouille, fait feu de tout bois pour faire partir les DG sous tutelle d’Ondaye.

Malheureusement le ministre instrumentalisé prendrait maladroitement le goût de raconter, pendant des réunions qu’il aurait « obtenu du Chef de l’Etat, la tête de tel DG ou de tel autre », oubliant malgré sa longue collaboration avec le Chef de l’Etat, qu’Andely, Nganongo qui ont tout dit sur ces mêmes subalternes ont vu leur propre tête tomber. Pourtant mêmes collaborateurs, faut-il le rappeler qui ont fait le succès des prédécesseurs d’Ondaye, attendent des orientations et une sincère et franche collaboration de la part du chef. Mais hélas, le ministre écouterait plus les courtisans en quête d’avantages personnels que les vrais bosseurs.


Et si le congo se trouvait un nouvel argentier !


Etant donné que Jean Baptiste Ondaye a montré ses limites et fermente le mécontentement social, la seule solution pour les dirigeants de redonner l’espoir au peuple serait de s’en débarrasser, même si DSN et ACM n’agissent jamais sous la pression. Si cette option n’est peut-être pas dans l’agenda à court terme du Chef de l’Etat et du chef du gouvernement, elle est se pose comme seule alternative dans l’opinion.

En plus, il est clair qu’un réaménagement technique ou un remaniement gouvernemental, permettrait au président de la République et au premier ministre de se débarrasser des ministres qui trainent trop de scandales et entament l’image de marque de l’Exécutif. Cela permettrait aussi à DSN et ACM, de se séparer des ministres incompétents, des paresseux ou de rééquilibrer la balance géopolitique et politique aux fins de casser l’écart entre les dirigeants et le peuple ; de remettre en confiance un peuple de plus en plus inquiet face à l’avenir. Bref, un tel acte ouvrirait des nouveaux espoirs aussi bien au peuple qu’aux dirigeants.

Pour l’instant, Jean Baptiste Ondaye n’est pas à la hauteur. Et, le Congo qui en paie déjà les frais, est toujours à la recherche d’un vrai technocrate pour tenir le ministère de l’économie et des finances. Il viendra. Tôt ou tard.


Le prix d’un possible rachat


En attendant, Jean Baptiste Ondaye doit travailler et mettre les cadres en confiance s’il rêve encore d’un avenir politique, s’il veut réussir. Qu’il ait obtenu ou non la tête d’Albert Ngondo, de Koumbou Mbongo, de Ludovic Itoua… de la part du Chef de l’Etat, le Président de la République et le Premier ministre ont besoin d’offrir au peuple ce qu’il lui faut pour vivre heureux. L’application du projet du Chef de l’Etat décliné dans le PND et le PAG demande de l’argent qu’Ondaye et ses DG ont l’obligation de disponibiliser pour le pays.

S’il veut se rattraper, c’est possible. Mais à condition qu’il change les paradigmes de gestion. Qu’il revoie aussi son entourage et se sépare des mauvais conseillers et experts qui passent leur temps à instrumentaliser les syndicats, à médire sur les cadres et à créer la zizanie et opposer le ministre avec les collaborateurs non-membres du cabinet.

Sa propre survie, celle du pouvoir et du système ; l’avenir politique du Chef de l’Etat et du Premier ministre, comme la longévité au pouvoir passent par la satisfaction des besoins du peuple. Ondaye le sait.